Le passé religieux de Neuweg

L'histoire religieuse et profane d'une région est toujours intimement liée et notre paroisse ne fait pas exception à cette règle. En 1684, après la création de la voie royale allant de Huningue par Michelfelden, La Chaussée actuelle jusqu'à Kembs, des colons, en général de pauvres gens, s'établissent le long de cette voie, sans former une population homogène; au point de vue religieux, cette région dépend de l'abbaye d'Ottmarsheim. Comme celle-ci ne satisfait guère à ses devoirs de desservir ces chrétiens, quelques éléments fervents s'adressent à l'évêque de Bâle. Aussi, le 24 mars 1704, Jean Christoph Hans, vicaire général de Bâle, fait paraître un décret en ce sens de la part de l'évêque Jacob Rinck von Baldenstein.

La population des quatre Chaussée de ce temps comptait 145 âmes, réparties en 45 familles. Les prêtres des quatre communes de Kembs, Bartenheim, Blotzheim et Huningue furent exhortés à administrer leurs nouveaux paroissiens. Les pisteurs en question s'acquittèrent consciencieusement de leur charge pastorale. Le curé de Blotzheim en particulier accomplit toujours minutieusement son travail, et d'autres prêtres également procurent leur aide à la population de La Chaussée: le Père Hugo, franciscain à Luppach de 1730 à 1735, le Père Pierre du Gravier, un ermite du tiers ordre de St-François à la chapelle mariale à Brun (diocèse de Bâle). En ce temps-là, il y eut à La Chaussée quatre à cinq baptêmes par an, inscrits au registre de Blotzheim.

De notre temps d'alors, quatorze familles furent placées sous l'obédience religieuse du curé de Blotzheim. Voici leurs noms: Johann Scherg, Johann Wehrlin, Friedolin Kuentz, Johann Beyet, Johann Kauffmann, Martin Gerteissen, Klaus Allimann, Jakob Weiss, Hans Hyfler, Melchior Lehmann, Ulrich Hertin, Hans Schmidt, Joseph Keller, Georg Meyer. Ces noms sont tirés des archives de Lucelle.

A cette époque, le curé de Blotzheim s'appelait le Père Hugo Vogel, de la célèbre abbaye de Lucelle que Saint Bernard avait visitée, béni la première pierre et la source.

Comme l'abbaye d'Ottmarsheim ne dédommageait pas les curés de Blotzheim, de Bartenheim et de Kembs pour leurs peines, l'administration civile de ces villages défendit aux gens de La Chaussée de fréquenter leurs églises respectives. Le 24 juin 1718, des délégations des trois villages s'étaient assemblées à Blotzheim pour demander aux curés de ne plus administrer les sacrements aux gens de La Chaussée ni d'enterrer leurs morts.

Ces protestations de l'administration civile eurent un résultat positif. Mme de la Touche, abbesse d'Ottmarsheim, consentit à dédommager les différents prêtres pour leur travail supplémentaire. Au curé de Blotzheim, on accorda annuellement 45 livres et des dons en nature de la population de La Chaussée.

Plus tard, en 1741, les capucins de Blotzheim, qui étaient venus s'établir dans le village en 1738, administrèrent La Chaussée jusqu'à leur disparition durant la Révolution Française de 1789

Au cours de cette période douloureuse, l'héroïque curé Juif, déguisé en ouvrier prodigua ses soins religieux à la population des villages environnants jusqu'à Ensisheim et à Seppois en jouant un cache-cache heureux avec les révolutionnaires.

Après la Révolution, Juif étant curé de Blotzheim, son vicaire desservit la commune indépendante de La Chaussée, indépendance qu'elle garde jusqu'en 1830. A cette date seulement, elle fut rattachée par un décret royal à la commune de Blotzheim pour en être détachée de nouveau le 6 mars 1958 et rattachée à la ville de Saint-Louis.

Durant tout le siècle dernier et au début du XXe, nos ancêtres prirent régulièrement le chemin de Blotzheim pour accomplir leurs devoirs religieux, se faire baptiser, célébrer les mariages et enterrer leurs morts. Jusqu'à l'érection de notre cimetière en 1922, nos morts furent portés à Blotzheim par huit hommes qui se relayèrent; à l'entrée du village, à la croix, le prêtre vint accueillir le défunt et le conduisit à Notre-Dame du Chêne. Depuis La Chaussée, la route allait tout droit vers Blotzheim par l'actuel terrain d'aviation.

Deux anciennes chapelles à La Chaussée

Qui se rappelle de la petite chapelle avec deux statues de saints, plantée à l'angle du carrefour de La Chaussée, devant la maison Seyfritz? Elle était entourée de quatre beaux tilleuls et invitait les gens au passage, moins pressés en ce moment là, à se recueillir quelques instants. En 1917, en pleine guerre, les Allemands l'enlevèrent.

Par contre, une deuxième chapelle au bord de la route nationale, une des premières dédiées à Notre-Dame de Lourdes, se dresse toujours debout. Elle a été construite en 1860 par les grands-parents de Mlle Octavie Krafft. Au-dessus de la porte de la chapelle, vous pouvez lire les premières lettres des personnes qui l'ont fait édifier: M. K. = Marc Krafft et A. B. = Anastasia Baltzer. Marc Krafft étant bien malade vers 1859, son épouse fit le voeu de dresser une chapelle à Notre-Dame de Lourdes si son mari vient à guérir. Comme sa prière fut exaucée, la chapelle fut construite dès 1860.

Dans les dernières années du mois de mai et d'octobre, les fidèles aimaient s'y retrouver pour prier ensemble le chapelet.

Eglise provisoire 1907 à 1969

L'année 1907 marque un tournant dans l'histoire religieuse de La Chaussée. Le bon curé Krust de Blotzheim avait une préférence particulière pour les habitants de Blotzheim-la-Chaussée; depuis longtemps, il avait pensé à doter l'annexe d'un lieu de culte provisoire. La construction de la nouvelle église de Village-Neuf devait lui en fournir l'occasion; l'église provisoire de Village-Neuf fut achetée pour deux mille marks, démontée, amenée à La Chaussée et édifiée sur le terrain mis gracieusement à la disposition par M. Emile Halbeisen. Une grande émulation s'empara de la population pour aider à l'édification du lieu de culte.

Cependant, les difficultés ne manquèrent point, il fallait de l'argent, on était obligé de consulter un architecte pour les plans et, selon les dires du vieux Père Wunsch, quelques personnes objectaient: ce qui ne sert plus à Village-Neuf ne doit pas s'élever à La Chaussée!

Malgré tout, la chapelle fut construite et inaugurée pour la première fête patronale Saint Pierre en 1907. La chapelle est dédiée à saint Pierre apôtre, car le curé de Blotzheim s'appelait Pierre. Les mesures de cette chapelle, qui a soixante deux ans d'existence, sont les suivantes: nef 18 mètres de long et 9,80 mètres de large, le choeur 7 mètres de profondeur sur 4,20 mètres de large. De chaque côté il y a douze bancs avec huit places, en tout 192 places, plus la tribune pour une quarantaine de personnes.

2007 : Le centenaire de bénédiction, rappel historique par l'historien Paul-Benard Munch dans les Dernères Nouvelles d'Alsace

L'actuelle rue de Strasbourg comptait en ce temps-là 44 maisons, celle de Mulhouse 12 plus trois en construction, six maisons dans la rue de l'Aéroport et de la Barrière, les trois garde-barrière, les trois maisons, la pisciculture et la chapelle. Ainsi La Chaussée comptait 75 maisons et six en construction.

En général, les gens se montrèrent généreux et il y eut toujours des volontaires pour entretenir la chapelle; une dame Surkopf fournit longtemps l'huile pour la lampe du sanctuaire.

Durant tout le XIXe siècle et au début du XXe, les vicaires de Blotzheim venaient visiter les malades et administrer les sacrements.

Avec la fondation de l'école des missions en 1920, c'est un Père qui devient vicaire de Blotzheim et s'occupe en même temps de La Chaussée. Les premiers desservants changent un peu trop souvent jusqu'en 1923, date à laquelle le Père Loth, 1923 à 1927, puis le Père Wunsch, 1927 à 1938, tous deux hommes justes et droits quoique d'aspect un peu rude, vont s'occuper pendant quinze ans de la population de La Chaussée. Ils viennent deux fois par semaine, mardi et vendredi, pour célébrer la messe et faire le catéchisme aux enfants de 8 h à 9 heures du matin.

Deux messes sont célébrées le dimanche à partir de cette époque; certaines acquisitions heureuses sont faites en ce temps: la croix qui servit le vendredi saint fut façonnée par le sculpteur Blaise de Colmar. Le Père Wunsch eut l'initiative de former une caisse autonome à La Chaussée pour couvrir les dépenses courantes. C'était le début du conseil de fabrique.

Rénovation de l'église St-Pierre en 1931

En 1931, le besoin de modernisation de la maison de Dieu était devenu une nécessité absolue. Sous l'impulsion du Père Wunsch, des hommes courageux se mirent au travail: Joseph Butticker, Adolphe Glanzmann, Albert Weider, Alfred Gur et Bernard Hertzog, passèrent déjà à cette époque avec une liste de souscription dans tout le village et récoltèrent la belle somme de 42000 francs. Le maître-autel, un peu simplifié après le Concile, qui va resservir dans la chapelle de semaine, fut acheté, l'église fut peinte et surtout l'électricité y fut installée. En plus deux cloches furent commandées chez Causard à Colmar et bénies le 17 mai 1931 par M. le curé Bixel. Le supérieur de Blotzheim proclama la parole de Dieu à cette occasion. La plus grande cloche a la note do, pèse 285 kilos et porte l'inscription suivante: Je m'appelle Pierre, mes parrains et marraines sont: Joseph Keiflin-Herrmann, Marie Haberthur née Muller, Alfred Haberthur, Joséphine Gur née Képpi, Albert Weider, Louise Glanzmann née Wespieser, Bixel curé.

La petite cloche pèse 175 kilos, note mi-bémol. L'inscription est la suivante: je m'appelle Marie, mes parrains et marraines sont: Joseph Butticker, Mathilde jacquet née Lang, Emile Halbeisen, Léonie Hertzog née Spiegel, Louis Lederer, Anna Krafft, Bixel curé..

Puis vint la guerre, l'abandon du terroir dans la fameuse journée du 1er septembre 1939, la mobilisation générale et les tristes colonnes de réfugiés sur les routes, passant les premières nuits parfois à la belle étoile ou dans les granges. La plupart de nos gens trouvèrent refuge dans les Landes à Morcenx, Pontenx-les-Forges, Mimizan, Hontanx, Pimbo, etc., selon un plan plus ou moins étudié. En cette année d'exil, le Père Geymann, déjà vicaire de Blotzheim, s'occupa avec un zèle intempestif de la population repliée. Au retour en Alsace, dès l'été 1940, il devient vicaire résident de La Chaussée et habite dans la maison Glanzmann près de la gare. Avec un dévouement sans bornes, il prend soin des plus délaissés. Sa maison était le rendez-vous des pauvres.

Le Père était préoccupé de rester en contact avec tous, ne faisant aucune distinction entre pratiquants et non pratiquants, se dévouant toujours davantage aux plus délaissés. Avec son esprit clairvoyant, il entreprit de réserver un terrain pour la future cité paroissiale. Les époux Adolphe Glanzmann-Wespisser, déjà minés par la maladie, répondirent à son appel et cédèrent gratuitement, en 1948, le terrain actuel à la fabrique de l'église de Blotzheim avec la charge d'y édifier une église et un presbytère avant le 1er janvier 1968.

Dès 1950, le Père voulut d'abord construire un foyer avec l'aide de la population. Dans ce but, il prit son bâton de pèlerin, partit tout seul dans les villages environnants, parcourut tout le Sundgau vers la frontière suisse pour quémander en faveur du foyer et de la future église. Un soir, alors qu'il faisait nuit noire, dans le village de Fislis, il prit l'eau pour de la route et tomba dans le ruisseau qui passe au milieu du bourg; avec peine il s'en sortit, sauva sa vie et l'enveloppe qui contenait l'argent, car l'eau lui montait jusqu'au menton.

Les plans du foyer Saint-Paul étaient dressés, mais l'évêché voulut d'abord faire bâtir un presbytère. Grâce aux efforts du Père Geymann et à sa contribution financière d'un million et demi en 1952, la commune de Blotzheim réalisa le projet; les clefs furent remises au Père en février 1952.

A peine le presbytère construit, le Père s'attaqua au foyer et, dans un grand enthousiasme, des jeunes et des pères de famille fabriquèrent plusieurs milliers d'agglos, mais son projet d'une maison d'oeuvre ne trouva pas l'agrément des autorités et, dès 1954, le Père partit pour la paroisse de Hombourg. Les agglos furent vendus dans la suite et vinrent grossir la somme du fonds de construction en vue de la nouvelle église. Le Père Geymann laisse ainsi à la fabrique de l'église une somme de près de deux millions d'anciens francs à son départ. De plus, grâce à ses recherches personnelles et à ses écrits dans le bulletin paroissial et les journaux des années 1947-1956, nous avons pu reconstruire cet historique.

L'abbé Xavier Kueny devint son successeur en septembre 1956 en tant que vicaire résident d'abord, puis comme premier curé de la paroisse St-Pierre, le 1er avril 1960, quand un décret épiscopal fit de l'annexe une paroisse canonique. Ce décret contient notamment ceci:

Nous détachons de la paroisse-mère St-Léger de Blotzheim le vicariat résidentiel St-Pierre et Nous l'érigeons canoniquement en circonscription indépendante, sous le vocable de St-Pierre avec tous les droits, obligations et privilèges qui en découlent et qui sont prévus par la législations générale de l'Eglise et par le droit diocésain de Strasbourg.

Sous réserves de modifications ultérieures, Nous délimitons la paroisse St-Pierre de St-Louis-la-Chaussée par la ligne de démarcation des paroisses et communes avoisinantes: au nord: Bartenheim et Rosenau; à l'est: Rosenau et Village-Neuf; au sud: Saint-Louis et Hésingue; à l'ouest: Blotzheim.

Nous précisons que l'aérodrome fait partie de la paroisse St-Pierre de St-Louis-la-Chaussée ...

Notre décret épiscopal entrera en vigueur le 1er avril 1960

Donné à Strasbourg le 2 février de l'an de grâce 1960, sous notre seing; le sceau de nos armes et le contreseing du chancelier de l'évêché."

L'évêque de Strasbourg: Jean-Julien Weber Le chancelier de l'évêché: Lang

Construction de la nouvelle église

Début 1960, l'évêque de Strasbourg donne son accord pour la construction d'une nouvelle église, destinée à remplacer la chapelle provisoire érigée en 1907. L'histoire de ce projet et de l'association Saint-Pierre fait l'objet d'une page spécifique.

Anciens vicaires de Blotzheim venant à La Chaussée

Isidore Kueny mai 1907 à août 1907; joseph Haegel 1907 à 1910; Braun 1910 à 1913; Joseph Baechtel 1913 à 1916; Ambroise Schittly 1916 à 1917; Louis Brecht 1918 à 1920; Père Wach 1920 à 1921; Père Heidmann 1921 à 1923; Père Loth 1923 à 1927; Père Wunsch 1927 à 1938; Père Breitenstein 1938 à 1939, Père Schoeffel juin 1941 à septembre 1941. Le Père Geymann a été le premier vicaire résident de 1941 à 1956; Xavier Kueny, vicaire résident de 1956 à 1960, puis premier curé de la paroisse à partir de 1960.

 X. Kueny, curé

Les curés de la Chaussée

Xavier Kueny, de 1960 à 1975. 1975 à 1976, par intérim, Léon Muller, de l'Ecole des missions de Blotzheim. De 1976 à 2007, Louis Lévêque, précédemment vicaire à Vieux-Thann. 

L'abbé Louis Lévêque

En 1999, l'abbé Louis Lévêque, arrivé en 1976, prend en charge le doyenné de Saint-Louis, tout en restant le curé de Neuweg. En 2005, il conduit la restauration de la coupole de l'église. Celle-ci, isolée, a été recouverte d'un plafond tendu, offrant à l'église une chaleur agréable, un éclairage doux et chaleureux et surtout une acoustique étonnante digne d'une salle de concert.
L'abbé Louis quitta ses fonctions le 30 septembre 2007, après 31 années au service de la Paroisse, pour une retraite méritée et retirée. Ses qualités et son engagement pour les enfants et les jeunes notamment, ses messes ouvertes, modernes et conviviales lui ont permis de remplir chaque semaine la belle église de Neuweg alors même que celles de France se vidaient.

<Article DNA du 29 septembre 2007> <Article L'Alsace du 29 septembre 2007> <ALBUM PHOTO de la dernière messe à Neuweg

Le 7 octobre 2007, l'abbé Gabriel Seyfried prend en charge les quatre paroisses ludoviciennes, l'abbé Eric Meier, curé des paroisses de Hégenheim, Hésingue et Buschwiller, précédemment vicaire à Saint-Louis, devenant curé-doyen du secteur paroissial.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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