Jouvence de l'abbé Louis

« Nous étions de ceux qui rêvaient, de la génération de Vatican II... un grand air de liberté avait soufflé sur l'Eglise... tout devenait possible, nous étions jeunes et enthousiastes », celui que l'on surnomme « Abbé Louis » est arrivé le 4 septembre 1976 de Thann pour s'installer à La Chaussée. Très vite, il découvre la communauté installée sur Saint-Louis, se présente et annonce notamment la couleur dans un premier bulletin paroissial :« Je ne voudrais pas être, pour vous, le "curé" avec tout ce que ce mot comporte de distance et de crainte respectueuse ». Lui préfère devenir « un frère, un ami, proche de vos préoccupations... cheminant avec vous dans vos luttes quotidiennes ». En toute simplicité, il donne ainsi le ton de la ligne de conduite qu'il s'est fixée et qu'il gardera durant plus de trente années.

Ce n'est pas par manque
de prêtres qu'il faut rester

 Au service des enfants et des jeunes d'abord, à travers les mouvements d'action catholique spécialisée. Egalement en direction d'un monde ouvrier, proche de ses origines. Battant le pavé pour défendre à tout va une « Eglise ouverte à tous où l'Homme prime sur la structure ». Pendant des années, l'homme de coeur milite, défend les plus défavorisés, accueille « ceux que la vie n'a pas épargnés ». Et tant pis si sa voix dérange, « si elle prêche dans le désert ». Il choisit la position « du marginal, mieux dehors que dedans ». En 1980 et toujours dans le bulletin paroissial, il se confie : « Je rêve d'une église faite non pas de purs et d'intègres mais d'hommes et de femmes responsables... non pas de puissance et de triomphalisme, mais d'une église servante et pauvre, ouverte au dialogue, en recherche de vérité ».

Le coeur serré de quitter
toutes ces personnes
avec lesquelles j'ai cheminé

 Pourtant, trente ans plus tard, après y avoir mis toute son énergie, le rêve s'est « sinon brisé, du moins envolé ».
 En octobre 1999, il est nommé curé doyen, responsable de la pastorale sur le secteur de Saint-Louis. Comme à La-Chaussée, il avance aux côtés d'un laïcat engagé. Ensemble, ils s'engagent dans l'interparoissialité.
 Aujourd'hui à 65 ans et toujours fidèle à ses convictions, il choisit de reprendre sa liberté. « Actuellement, l'Eglise tend à se replier sur elle-même par sécurité. Je n'adhère pas à cette mouvance et je me dis, notamment, qu'il ne faut pas que du culte ». Et de poser un acte militant en s'attachant à la nécessité de « changer l'appel au sacerdoce : ce n'est pas par manque de prêtre qu'il faut rester ».
 Pas dépité pour autant, il a pris la peine de dresser le bilan d'un ministère, susceptible de donner des cartes à ses supérieurs et successeurs. Mais qui l'aura lu ?
 Il s'en va. De son propre choix et « le coeur serré de quitter toutes ces personnes avec lesquelles j'ai cheminé, partagé, lutté, espéré. Que j'ai aimé du plus profond de moi-même et qui me l'ont bien rendu ».
 Pour lui commence maintenant une nouvelle vie. « Je veux du temps, pour lire, profiter de la nature, recevoir mes amis dans mon chalet de Bussang, me former à Photoshop... ». Prendre la plume, en guise d'exutoire, comme il l'a souvent fait « les jours de vague à l'âme ». Se livrer à soi-même ou raconter les autres : « J'ai quelques projets dans le domaine de la généalogie », d'ici deux à trois ans, il aimerait préparer une grande rencontre de famille avec tous ceux qui, de loin ou de près, gardent un lien avec les Lévêque de Guewenheim ». Mais c'est une autre histoire qui, même si elle concerne « certains de ceux qui ont beaucoup souffert » parle encore d'échanges et d'espoir.