Au début, il y avait la route
A la route de l'eau, le Rhin, est tôt venue s'ajouter parallèlement la route terrestre. Une première idée nous est fournie par la Table de Peutinger, espèce de tracé à l'usage des courriers romains. Elle passe par Augst, Arialbinum (Bourgfelden? Binningen? Huningue?) pour rejoindre Kembs et Strasbourg.
En 1568, dans l'"Urbar de Landser", il est question pour la première fois du "Newen Weg" - la chaussée nouvelle. Dans son Histoire de la Ville et de la Campagne de Bâle, Peter Ochs parle de l'entretien de cette chaussée en 1538 par l'Evêque de Bâle et plus tard par la ville, cette chaussée menant à Michelfelden, possession bâloise, et à Kembs où Bâle avait également des droits.
Vers 1700, on lit dans les archives paroissiales de Village-Neuf: natif de "Via Nova", commune de Blotzheim. Cette fois il s'agit de la Chaussée en tant que hameau.
Le hameau de la Chaussée
Les cartes de l'époque
indiquent l'existence de ces embryons de localités par quelques points. Mais un peu plus tard, l'ingénieur de Bâle venu inspecter la Cense de Michelfelden signale que Saint-Louis se composait alors de deux auberges, d'un relais de poste aux chevaux et de 10 ou 12 baraques, alors que "le dit Neuweg se compose d'une auberge, d'une tuilerie et de quelques mauvaises baraques". On voit par là que St-Louis et la Chaussée ont la même origine modeste et sont nés à la même époque, dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
Les sept hameaux dispersés
le long de la route, Langenhäuser, Hoberhätiser et Dreihäuser (qui forment aujourd'hui La Chaussée) avec Stutz, Richardshäuser, Loechlé et Schäferhof, à partir d'une date imprécise, formèrent ensemble une commune indépendante sous la dénomination de "Neuweg ou la Chaussée". On voit que les termes de Neuweg ou la Chaussée ont servi pour désigner successivement: la nouvelle route, les sept hameaux réunis, la localité actuelle.
Le 25 mai 1830
une ordonnance du roi Charles X apporte un important changement. Elle précise: "La commune de Neuweg ou la Chaussée, arrondissement d'Altkirch, a été supprimée. Le territoire de cette commune a été divisé en trois portions et réuni aux communes de Blotzheim, Bartenheim et Kembs. - Colmar, le 25 mai 1830. Le Maître des Requêtes, Préfet du Département du Haut-Rhin, signé: Baron Locard.>, D'après le plan topographique de l'époque il ressort que le hameau de Blotzheim-la-Chaussée se composait alors de 27 maisons.
La pisciculture date de 1583
S'il est une institution dont La Chaussée peut être fière, c'est bien celle de la pisciculture, construite sous Napoléon III en 1851-1853 selon les plans dressés par les ingénieurs des Eaux Detzen et Berthold. Le but de cette institution était de collecter des ufs féconds et, dans des appareils spécialisés, amener l'éclosion des truites pour les vendre ensuite dans les autres régions de France et bientôt dans la plupart des pays d'Europe. Pendant de longues années, La Chaussée était réputée par sa pisciculture. Depuis 1904 cette dernière a perdu un peu de son importance pour des raisons trop longues à énumérer ici, elle poursuivit encore longtemps l'élevage et la vente des truites.
Le recensement de 1880
mentionne, outre la pisciculture créée en 1854 sur une partie de l'Au, possession féodale de Blotzheim, la ferme du Hellhof. Sur un total de 2800 ha, 468 maisons, 2643 habitants dont 2466 catholiques, 30 protestants et 118 israélites, La Chaussée et ses annexes comptaient 53 maisons et 320 habitants. En gros, La Chaussée représentait alors un peu plus du dixième de Blotzheim. Le développement qui suivit cette date allait être favorable à La Chaussée.
Les écoles à La Chaussée
La première
école fut construite en 1878, et il n'y eut alors qu'une seule classe pour garçons et
filles avec un logement de service. De la rue on pénétrait directement dans la salle de
classe, et c'est pourquoi la plus grande punition que le maître pouvait imposer à un
enfant dans ces temps reculés, c'était de le mettre à la porte, car là se trouvait le
puits du village et par conséquent la place de réunion toute trouvée pour les
ménagères, puisque la conduite d'eau n'a été réalisée qu'en 1936 sous le maire
Charles Wolf de Blotzheim.
Le premier instituteur de La Chaussée s'appelait M. Berger et sa mère donnait les cours de cuisine aux fillettes. Il eut comme successeurs Messieurs Kirsch, Peter, Neckert, Rich, Metz. L'instituteur Rich fonda la première chorale d'hommes en 1896.
En 1902, l'entrepreneur Argast fut chargé d'agrandir le bâtiment, et ainsi naquit l'école des filles avec deux classes et deux logements. Au début la classe des garçons se trouvait au premier étage où enseignaient les maîtres suivants: Schreiber, Hartmann, Hoffer, Loewert, Arbogast, Heinis, Schiltknecht, Straub, Schnautz, Stoll, Urfer, Durand, Léonard et Guicciardi. Les institutrices qui se succédaient dans la classe des filles, au rez-de-chaussée, ont été: Mlles Himmelsbach, Bas, Vogel, Sonderreger, Linck, Gurly, Mme Fuhrel.
Dès 1914 on avait songé à construire
une école, mais la guerre anéantit le projet; celui-ci fut repris à la veille de la
deuxième guerre mondiale, avec laquelle s'envolent à nouveau tous les beaux rêves.
Pourtant, devant le nombre grandissant des enfants, des solutions de fortune voient le
jour avec des bâtiments provisoires : dès 1932, une classe supplémentaire est créée,
une deuxième en 1948 et une troisième en 1952.
Il faudra attendre la fusion avec
Saint-Louis pour que le projet d'une nouvelle école de garçons avec quatre classes se
réalise enfin dans l'année 1961.
En 1963, est construite l'actuelle "école maternelle Petite Camargue", située
rue de Strasbourg, derrière l'ancienne école primaire. Une seconde école maternelle
sera construite en 1986, rue de la Hardt, sur le terrain de la "maison Kraft".
Cette école a été dénommée "école maternelle Octavie-Kraft"
Les classes de l'ancienne école sont alors supprimées, l'une servant de mairie-annexe,
l'autre étant mise à disposition d'associations. En 1972, la mixité est introduite à
l'école élémentaire de La Chaussée. La nouvelle école primaire fût elle même
agrandie par deux fois, en 1978 et en 1991, de deux fois 4 classes supplémentaires pour
lui donner sa taille actuelle. Elle dispose de nombreux équipements pédagogiques,
bibliothèque, salle vidéo et informatique, amphithéatre extérieur, et même d'un
terrasse d'observation astronomique. L'école est alors baptisée "Ecole primaire
Galilée".
Le monument aux morts,
en souvenir des 17 victimes neuwegoises de la première guerre mondiale, est érigé au centre du cimetière, sous la forme d'une croix, et inauguré le 27 juillet 1924. La guerre de 1939-1945 fit 24 victimes dans la population. En 1958, un nouveau monument est érigé rue de Mulhouse, financé par les dons de la population. Il a été inauguré le 9 novembre 1958.
Le 6 mars 1958,par décret du Conseil d'Etat, La Chaussée est rattachée à la commune de Saint-Louis. Les promoteurs de cette orientation nouvelle furent: Alfred Allemann, Léon Albientz, Jules Blanchard, Emile Dietsch, Jules Fehr, Pierre Haberthur, Joseph Marschall, André et Louis Ribstein et surtout Edouard Spinhirny. Leur tâche fût de convaincre la population de La Chaussée, malgré l'opposition de la commune de Blotzheim. Du côté de Saint-Louis l'action fut menée par Georges Gissy et Eugène Charon, soutenus par tout le conseil municipal. Une plaque apposée sur la maison de Léon Albientz commémore l'événement célébré le 19 juin 1958.
L'apport de la mariée
n'était pas négligeable : le tiers
de la population de Blotzheim, environ 981 habitants, environ un tiers de la surface de
ses terres, soit exactement 1081 ha 93, soit plus que Saint-Louis et Bourgfelden réunis
(399,59 + 238,85 = 638,44 ha).
Saint-Louis, après les deux fusions, comptait donc 12 511 habitants et une superficie de
1720 ha dans laquelle figurait l'aérodrome dit de Bâle-Mulhouse et l'Au avec la
pisciculture.
Georges Forlen, 1969
Le jumelage avec Pimbo
Le 1er septembre 1939, l'Alsace est évacuée. La population de Blotzheim-la-Chaussée trouve asile dans le département des Landes. Dans la précipitaion, la désorganisation est totale. Des groupes plus ou moins importants se joignent à d'autres communes pour traverser la France. On embarque en train d'Altkirch, de Dannemarie, de Dijon. Le voyage dure jusqu'à un mois. Les neuwegois se retrouvent dans un douzaine de communes, les plus grands contingents à Bias, Pimbo, Hontenx et Morcenx.
Dans les années 80, on parle de jumelage. Morcenx
et Hontenx sont déjà jumelées avec Hégenheim et Helfrantzkirch. Bias à accueilli le
plus grand groupe de Chausséens, sa taille se rapproche de Neuweg, mais les
"locomotives" de l'idée de jumelage étaient évacuées à Pimbo. Ce sera donc
Pimbo.
Le jumelage "aller" a eu lieu à Pimbo, le 4 août 1985. Le foyer rural est
inauguré au nom de foyer Saint-Louis-la-Chaussée, en présence d'un soixantaine de
Neuwegois.
Un an plus tard, du 25 au 29 juillet 1986, une soixaitaine de Pimbolais participent aux
festivités de jumelage "retour". L'amitié est maintenant bien scellée.
Quelques jours plus tard, le 5 août, un groupe
d'adolescents de la JOC entame une randonnée cyclotouriste pour rallier Neuweg à Pimbo
en 11 étapes. Pimbo les accueillent généreusement pendant les fêtes patronales de la
Saint-Barthélémy. Le groupe poursuivit son aventure jusqu'à Biarritz, terme de 1300 km.
Par la suite, de nombreuses randonnées cyclistes ou cyclotouristes joignirent des
villages jumelés du Haut-Rhin et des Landes.
Le même groupe rejoignit d'ailleurs en 1987, le village de Bias, après être passé
devant les châteaux de la Loire et longé la côte Atlantique.
La fin du millénaire
Aujourd'hui, Neuweg n'est plus un village. Le lotissement du Parc des Maréchaux et de nombreuses autres constructions ont modifié ses paysages. L'hypermarché draine les foules, des usines se sont construites, l'aéroport s'agrandit largement, le premier "McDo" au sud de Mulhouse vient d'ouvrir à Neuweg.